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Références institutionnelles

Elèves à besoins éducatifs particuliers

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Déficience auditive

 

De quoi parle-t-on?

 

Selon les chiffres de l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) et de l’enquête HID 2002, la France compte environ 4 000 000 personnes malentendantes et 500 000 personnes sourdes. Dans la plupart des cas, la surdité modifie la communication et les relations sociales. Chez le jeune enfant, lorsque l'atteinte est bilatérale, elle peut perturber le développement langagier, si des dispositions ne sont pas prises précocement pour permettre à l’enfant d’acquérir le langage le plus tôt possible (tel que le langage oral ou langage signé).

Les niveaux de surdité
Le BIAP (Bureau International d’Audio Phonologie) propose une classification graduelle des surdités, qui distingue notamment :
la surdité légère qui se caractérise par une perte tonale moyenne comprise entre 21 et 40 dB. La parole est perçue à voix normale, mais plus difficilement à voix basse ou lointaine. La plupart des bruits familiers sont perçus.
la surdité moyenne qui se caractérise par perte tonale moyenne comprise entre 41 et 70 dB. La parole est perçue si on élève la voix. Le sujet comprend mieux en regardant les mouvements labiaux du locuteur mais i existe une gêne selon le bruit et l'éloignement de la source sonore.
la surdité sévère qui se caractérise par une perte tonale moyenne est comprise entre 71 et 90 dB. La parole est perçue à voix forte près de l'oreille et les bruits forts sont perçus.
la surdité profonde qui se caractérise par une perte tonale moyenne comprise entre 91 et 100 (premier degré), entre 101 et 110 dB (deuxième degré), entre 111 et 119 dB (troisième degré). Il n’y aucune perception de la parole, seuls les bruits graves très puissants sont perçus et sont rarement identifiés.
la surdité totale qui se caractérise par une perte tonal moyenne de 120 dB. Dans ce cas, aucun son n’est alors perçu.

Les types de surdité

On distingue trois types de surdité :
• Les surdités de transmission qui résultent d’atteintes de l'oreille moyenne et/ou externe. Elles sont fréquentes avec une perte auditive inférieure à 60dB.
• Les surdités de perception qui proviennent d’une atteinte de l'oreille interne (cochlée) ou du nerf auditif.
• Les surdités mixtes lorsque les deux atteintes sont associées.

L'appareillage

La majeure partie des enfants sourds ou déficients auditifs graves portent des prothèses auditives. Il existe deux types de prothèses :
• Les appareils classiques qui se portent derrière ou dans l'oreille. Les sons sont amplifiés et filtrés sur les fréquences importantes de la voix humaine pour être transmis via le tympan dans l'oreille moyenne.
• Les prothèses par implant cochléaire qui nécessitent une intervention chirurgicale, consistant à introduire dans l'oreille interne des électrodes recevant leurs impulsions d'un microprocesseur porté en externe. Ces derniers appareils agissent directement sur le nerf auditif.

 


Quelles peuvent être les conséquences de la surdité ?

 

En réception :

- Mis à part les enfants sourds de parents sourds (5 à 10 %) qui connaissent un développement langagier en Langue des Signes Française (LSF) équivalent à celui d’un entendant, chez les jeunes sourds de naissance ou qui ont une surdité acquise, les problèmes de communication résultent de la difficulté de réception du message vocal. Par voie de conséquence, l'expression peut être déficiente faute d'un modèle acoustique reçu dans sa totalité, entraînant une difficulté dans l'acquisition et la maîtrise du français.
- En ce qui concerne les jeunes dont la surdité a été acquise après l'apprentissage du langage, il leur est plus facile de reconnaître ce qu'ils connaissent déjà. Leurs connaissances et expériences linguistiques associées à la lecture labiale leur permettent au prix d’efforts parfois importants de deviner ce qu'ils n'ont pas perçu.
- La qualité de la réception du message oral est essentielle. Les systèmes d'amplification ne pouvant être complètement satisfaisants, il faut veiller à ce que le jeune sourd puisse bénéficier pleinement de la lecture labiale (par contre, la lecture labiale ne permet de percevoir qu’environ 40 à 45 % du message)… Ceci demande une attention particulière des parents et enseignants afin de se placer face à l’enfant, de faire un effort d'articulation (mais sans exagération) et de ralentir le rythme de parole.
- Si la lecture labiale chez certains enfants est indispensable pour communiquer, elle n’est malheureusement pas suffisante pour saisir la totalité du message. Il lui faut faire de la suppléance mentale ; cet exercice constant de compréhension demande une très grande capacité d'attention et de concentration, qui entraîne une fatigabilité et des fluctuations dans les capacités de compréhension.

En compréhension

Hormis chez les enfants sourds de parents sourds, la surdité de naissance ou de la première enfance provoque, généralement, un retard plus ou moins important dans l'acquisition et la maîtrise de la langue. Ce retard peut avoir des conséquences sur les apprentissages ainsi que sur la vie relationnelle et sociale. Dans le cadre de la classe, la difficulté de compréhension doit être analysée; il peut s'agir :
- d’une difficulté dans l'apprentissage conceptuel,
- d’une méconnaissance des termes lexicaux utilisés,
- d'un niveau linguistique globalement insuffisant,
- d'un manque de connaissances générales et de références culturelles.
Quelquefois une reformulation ou une ré explication suffisent ; dans d'autres cas, la scolarisation de l’élève ne peut se faire que grâce à des médiations linguistiques ou pédagogiques spécifiques. Ainsi, selon le choix de la faille et les besoins des enfants, on fait appel soit à un interprète en Langue des Signes Française (LSF), soit à un codeur en Langage Parlé Complété (LPC), soit à un enseignant spécialisé utilisant une communication adaptée.

Aménagements possibles et pratiques de classe

Il est recommandé d’informer les élèves de la classe des particularités d’un camarade sourd. En effet, la surdité engendre des aménagements que les autres élèves peuvent considérer comme des privilèges : la mobilité pour vérifier des informations, l’attention particulière de l’enseignant, la présence d’une tierce personne qui permet à l’enfant de bénéficier des échanges de la classe

➢ L'enseignant
Quelques conseils peuvent être utiles à l’enseignant
● Adopter une attitude expressive, mimer au besoin ce qui peut l'être.
● Accentuer les gestes naturels et pointer les objets dont on parle
● Ne pas se placer à contre jour mais plutôt face à la lumière.
● Eviter de circuler dans la classe et rester dans le champ de vision de l'élève sourd.
● Attirer son attention avant de parler.
● Rester face à l'élève lors des explications orales.
● Donner les consignes simples dans l'ordre chronologique, les écrire.
● Eviter de parler avec les mains devant la bouche.
● Ne pas parler en écrivant au tableau.
● Articuler sans exagération, conserver un niveau de langage, un débit et une intensité de parole naturels.
● Parler de façon ni trop lente, ni trop rapide, avec un débit modéré.
● ● Eviter de regarder ailleurs en parlant, le regarder dans les yeux.
● Etablir en classe des conditions optimales de réception des messages : silence, tour de rôle de parole, se signaler à la prise de parole.

➢ La classe

Les bruits de fond divers sont très amplifiés par les prothèses auditives et peuvent constituer une forte perturbation pour la réception et la compréhension de la parole. Un équipement FM peut améliorer la perception auditive.
● Elle doit être calme et bien éclairée.
● Elle doit disposer d'un grand tableau, bien visible, qui ne luise pas.

➢ La place de l'élève
● Il n'y a pas de règle absolue, il est souhaitable de placer l'élève le dos à la lumière, non loin du tableau.
● Le premier rang est préconisé pour la lecture labiale mais déconseillé pour la participation aux échanges avec la classe. Le deuxième rang est idéal pour lui permettre de voir tout le tableau, le visage de l'enseignant, les réactions des autres élèves.

➢ Les situations liées aux différentes disciplines et activités pédagogiques
Il est souhaitable que le jeune sourd ait un maximum d'informations visuelles : illustrations, croquis, écrit pour remplacer, compléter tout ce qu'il ne peut pas recevoir auditivement.
La prise de notes.
L'élève sourd ne peut suivre en même temps le codeur, l’interprète ou la lecture sur les lèvres de l'enseignant qui parle ou réalise une expérience et le texte à écrire. La prise de notes est très problématique. Il est préférable que l'élève sourd dispose d'une photocopie ou recopie les notes d'un camarade placé à côté de lui.
Les documents sonores, disques, enregistrements magnétiques (ils doivent être de très bonne qualité)
L'élève doit pouvoir disposer d'une transcription ou d'une explication de ces documents dans un niveau de langue adapté.
La projection de diapositives
Dans le noir, l'élève sourd ne peut bénéficier du commentaire oral. Pour lui permettre de suivre l’interprète, le codeur, les lèvres du professeur ou des autres élèves, on doit penser à éclairer de manière satisfaisante.
La projection de films
Lorsque cela est possible, il est préférable de choisir un film sous-titré. Dans le cas contraire, le jeune sourd doit recevoir un maximum d'informations pour pouvoir comprendre.

● Oral
Le cours oral

Certains élèves sourds ne peuvent intégrer qu'environ 1/3 du message oral. Il faut penser à écrire autant que possible au tableau pour compléter les informations données, les structurer (plan du cours), pour lever les ambiguïtés.
Le cours oral à partir de l'étude de documents
Que ces documents soient exposés au tableau ou à la disposition des élèves, l'élève sourd ne peut dans le même temps les consulter et regarder l’interprète, le codeur ou lire sur les lèvres du professeur les commentaires ou l'explication donnée. Il est donc conseillé de respecter une alternance de temps entre l'étude de ces documents par l'élève et les explications orales.
L'exposé ou l'interrogation orale d'un autre élève
Pour que l'élève sourd puisse suivre cet échange, il faut que l'enseignant désigne du doigt l'élève interrogé pour qu'il soit identifié par l'élève sourd. L'élève interrogé et le codeur, l’interprète ou l'enseignant doivent être placés face à l'élève sourd.
Le débat
L'élève sourd ne peut ni suivre les échanges ni y participer s'il ne voit pas ses camarades et si des règles strictes de prises de parole ne sont pas instaurées.

● Maîtrise de la langue
Même si l'élève peut suivre une scolarité en milieu ordinaire, il n'est pas, à la différence de l'élève entendant, imprégné de langue orale. Il est en difficulté face à la langue, notamment face à la polysémie des mots, aux expressions idiomatiques, aux changements de registre de langue, aux jeux de mots, à tout ce qui est implicite.
La dictée
Elle représente de sérieuses difficultés pour l'enfant sourd. Il faut toujours respecter l'alternance [écoute-écriture-écoute-écriture] pour dicter.
La lecture 1
Quand un élève de la classe lit un texte, l'élève sourd ne peut ni l'entendre, ni le suivre sur les lèvres. Il faut alors demander à l'élève voisin de suivre la lecture avec le doigt ou mieux encore suivre le texte sur un transparent au rétroprojecteur.
La lecture suivie
L'élève sourd ne peut suivre en même temps la lecture sur les lèvres du camarade qui lit et le texte écrit. Il est souhaitable qu'il lise avec un camarade qui indique la ligne du doigt et lui signale les questions éventuelles.

● Mathématiques
L'élève sourd peut faire des confusions sur des nombres aux sons proches (5 et 7, 6 et 10, 656 et 570, etc...). Le calcul mental rapide, les démonstrations de géométrie posent aussi des difficultés. Il est souhaitable que l'enfant dispose le cas échéant d'une trace écrite complète du raisonnement de la démonstration. Face à un raisonnement mathématique, il lui est difficile de manier plusieurs hypothèses, de choisir parmi un certain nombre de possibles la solution qui convient .

● Technologie-Sciences :
En Sciences physiques
Les manipulations sont la partie sensible du cours (et primordiale). Il faut veiller à présenter toutes les consignes avant chaque expérience ou mieux, les intégrer au sujet du TP. Les raisonnements expérimentaux d'interprétation des phénomènes peuvent être également source de problème car il faut observer tout en cherchant à comprendre. Les difficultés inhérentes aux mathématiques et au français viennent ensuite se greffer aux difficultés scientifiques lors des raisonnements ou de l'utilisation des lois démontrées par l'expérience.

● Histoire-Géographie
Il faut éviter la prise de notes sous la dictée qui est un tour de force pour l'élève sourd. Afin qu'il se repère plus aisément et évite les pires contresens, l’on peut lui transmettre le plan et des traces écrites du cours. Attention, l'élève sourd suit peu ou mal les actualités nationales ou mondiales données par la télévision et à fortiori par la radio. Il ne faut pas hésiter à vérifier leur interprétation des évènements récents que l’on souhaite aborder en classe. Enfin, les notions de l'histoire-géographie sont très complexes pour lui si elles ne sont rattachées à aucune expérience concrète (document visuel étudié en classe, sorties pédagogiques, expériences personnelles ou familiales, jeux de rôle). L'abondance du lexique doit être repensée dans cette optique. Il faut revenir souvent, sur les notions fondamentales : économie, politique, société, population, milieu naturel. Pouvoir, état, révolution, évolution, crise, civilisations, culture, religion sont des mots vides de sens, trop vagues, trop abstraits. Il faut essayer de les rattacher à des exemples connus, à des images, à des supports visuels repérés. Ne pas hésiter à utiliser les schémas logiques et systémiques que les élèves mémorisent plus facilement qu'un long texte.

● Langues vivantes
L'élève sourd se réfèrera plutôt à l'écrit dans l'apprentissage des langues vivantes. Il serait préférable qu'il bénéficie de la trace écrite du texte que les autres enfants écoutent au magnétophone. Il est aussi délicat d'évaluer un travail basé sur l'écoute pour un enfant déficient auditif. La seconde langue vivante est facultative pour l'élève sourd (circulaire n°2000.013 de 20.10.2000).

● Les sorties (visite de la ville, théâtre, activités sur le terrain, éducation physique...)
Dans toutes ces situations, la difficulté persistance est la transmission des consignes en raison de l’éloignement. Il est importe donc de donner au préalable le maximum d'explications et de consignes à l'élève sourd et d'en confier la responsabilité à un ou plusieurs camarades ou de lui demander de rester à proximité suivant le cas. L'utilisation d'une liaison FM est très utile. Certains lieux culturels comme les musées proposent des activités en LSF.

Le plus difficile est d'être vigilant sur tous ces points sans pour cela stigmatiser l'élève sourd par rapport à ses camarades, ni l'infantiliser et le surprotéger. Il est souhaitable que dès le collège, il acquiert l'autonomie dont il aura besoin dans sa vie future. L'élève peut avoir tendance à attendre l'aide systématique du professeur pour toute activité ou exercice, ce qui est bien sûr contre-productif ! Cependant, il faut tenir compte de la fatigue qui résulte de la lecture labiale et de la lourdeur de son emploi du temps hebdomadaire quand s'ajoutent aux heures de cours, l'orthophoniste, l'ORL, l'audioprothésiste, le soutien scolaire, les répétitions familiales.

 

1 On pourra consulter les ouvrages de la collection "L'éducation des jeunes sourds: le projet linguistique" aux éditions du Centre National Supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés de Suresnes ( 11 titres dont Apprendre la grammaire à l'enfant sourd, L'enseignement du vocabulaire, Langue et raisonnement, Apprendre à lire à l'enfant sourd...) ainsi que le numéro spécial de la NRAIS enseigner et apprendre en LSF. Editions du CNEFEI Hors série 2005
2 Françoise Duquesne, Apprendre à raisonner en mathématiques au collège et au lycée, CNEFEI, Suresnes, 2002

EPS :

• Mettre en place des codes de fonctionnement explicites. On peut avoir recours à des supports visuels pour les temps de regroupement, des supports écrits pour les consignes, les ateliers, le déroulement…
• Vérifier sa compréhension avant de passer à l'exécution de l'exercice, surtout si celui-ci est nouveau et nécessite des consignes très pointues.
• Permettre le fonctionnement par imitation : les gymnases, terrains de sport sont souvent des espaces peu propices à la réception de message distinct. Souvent l'élève sourd complète les lacunes du message par l'imitation de ses camarades.
• A la piscine, vérifier que l'élève a retiré sa prothèse.

 

 

Pour en savoir plus

 

Fiche réalisée en partenariat avec l’INSHEA.

Novembre 2013

 

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