sommaire références       -   +

Références institutionnelles

Elèves à besoins éducatifs particuliers

retour à la liste

 

Troubles de la fonction visuelle

 

De quoi parle-t-on?

 

Il existe de nombreux troubles visuels. En France, environ 10% de la population connaît des difficultés visuelles à des degrés divers. Il s'agit la plupart du temps d'anomalies bénignes qui, une fois corrigées, n'entraînent pas nécessairement de handicaps.
Il existe cependant, en nombre important, des déficiences visuelles graves entraînant des gênes fonctionnelles importantes.

Les troubles visuels et le degré de déficience sont définis par :
- l'état du champ visuel (étendue de l'espace qu'un œil immobile peut embrasser) ;
- la mesure de l'acuité visuelle (aptitude de l'œil à apprécier les détails).

En France, est considérée comme malvoyante toute personne dont l'acuité visuelle (AV) est inférieure ou égale à 4/10e au meilleur œil après correction et un champ visuel réduit à 20°. Toute personne dont la vision est inférieure ou égale à 1/20e au meilleur œil après correction et un champ visuel réduit à 10° pour chaque œil est considérée comme légalement aveugle.

Les différents niveaux de déficience visuelle

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, il existe 5 catégories de déficiences visuelles :
➢ Troubles visuels modérés : acuité visuelle binoculaire corrigée entre 1 et 3/10e. Accomplissement de tâches presque normalement mais avec une aide simple.
➢ Troubles visuels graves : acuité visuelle binoculaire corrigée entre 1/20e et 1/10e. Capacité à effectuer une activité en s'appuyant sur la vision, mais avec des aides spécifiques, avec un niveau de vitesse moindre et une fatigabilité plus importante.
➢ Troubles visuels profonds : acuité visuelle binoculaire corrigée entre 1/50e et 1/20e. Incapacité à effectuer toute tâche à l'aide de la vision seule, même avec des aides, et qui nécessite d'associer d'autres facteurs sensoriels.
Cécité presque totale : perception lumineuse, acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 1/50e. Il faut s'appuyer sur d'autres informations sensorielles et sur des techniques palliatives.
Cécité totale : pas de perceptions lumineuses. Il faut s'appuyer totalement sur les autres sens.

 

 

Comment cela se manifeste-t-il?

 

Nature et types des gênes fonctionnelles

Il existe de nombreuses pathologies oculaires qui entraînent, à des degrés divers, différentes façons de mal voir. Ces dernières induisent des gênes fonctionnelles qui vont engendrer des difficultés chez les élèves à l'intérieur et à l'extérieur de la classe.

• Cécité totale
Conséquences :

- toutes les informations collectives doivent être auditives ;
- lecture et écriture se font par l'intermédiaire du braille et des techniques informatiques.

• Perception totale mais floue
- Les contrastes sont peu perceptibles.
- Les distances sont mal appréciées.
- Il n'y a pas de perception du relief.
- Les couleurs sont atténuées.

• Vision de loin floue
L'élève perçoit mal, voire très mal, son environnement : l'enseignant, les camarades, tout ce qui est présenté à plus de deux mètres.
Ces difficultés peuvent aller, dans certains cas, jusqu'à une impossibilité de voir quoi que ce soit de loin, même si des perceptions lumineuses permettent une certaine autonomie à l'intérieur de la classe.
Conséquences :
- il ne voit pas au tableau ;
- il ne voit pas les affichages muraux, surtout s'ils sont situés très haut ;
- il ne peut bénéficier de tout le travail d'imprégnation que ces documents induisent ;
- il ne peut percevoir un document présenté collectivement ;
- il suit mal une activité présentée trop loin de lui (éducation physique par exemple) ;
- il présente donc une tendance à s'isoler, à se désinvestir de l'activité ;
- il peut passer pour étourdi, distrait.

• Vision de près très rapprochée
L'élève malvoyant travaillant en noir compense partiellement sa faible vision en s'approchant le plus possible de son document.
Conséquences :
- un champ visuel restreint ;
- aucune vision globale ;
- une connaissance d'un document par approches successives ;
- une possibilité d'anticipation très limitée.

• Vision périphérique avec scotome central
Le scotome est une perte ou une altération de la vision dans une zone limitée du champ visuel.
- Seule la rétine périphérique fonctionne mais cette partie de la rétine ne discerne pas les détails.
- Il n'existe donc qu'une connaissance de l'espace et une sensibilité au mouvement.
- L'acuité visuelle est très faible (plus ou moins 1/10e)
L'enfant est très à l'aise dans ses déplacements et sa connaissance de l'espace intermédiaire et lointain.
Conséquence :
Les exercices de lecture en noir sont difficiles voire impossibles selon l'étendue du scotome et l'on peut envisager alors l'apprentissage du braille.

• Vision tubulaire
Comme à travers un canon de fusil.
- Le champ de vision est plus ou moins étendu, plus ou moins de qualité.
- La rétine centrale étant un analyseur d'images, l'acuité visuelle peut être normale.
- La vision nocturne est réduite.
La discrimination visuelle centrale étant souvent intacte, l'élève peut lire en noir.
Conséquences :
Le champ visuel pouvant être très réduit, des problèmes peuvent naître quant aux prises de repères et à la localisation dans l'espace-feuille.

Variations de la qualité de la vision restante

Beaucoup de variations dans la façon de voir apparaissent au cours de la journée. Elles sont dues :
- à une fatigue générale ;
- à une fatigue de concentration ;
- à une difficulté à s'adapter aux changements lumineux.

Phénomènes pouvant accompagner la déficience visuelle

Nystagmus

C'est un trouble du réflexe de fixation, phénomène spontané ou provoqué, congénital ou acquis, caractérisé par l'existence de secousses rythmiques du ou des globes oculaires linéaires ou rotatoires. Il est souvent associé à d'autres pathologies, présente des salves déclenchées par l'émotion, exacerbé par la fixation et l'attention, atténué par le repos, il disparaît à l'occlusion des paupières.
Conséquences :
- difficulté à fixer un détail trop longtemps ;
- l'inquiétude et l'effort visuel augmentent ce phénomène et amplifient ses conséquences.

Photophobie
Elle engendre une sensation pénible produite par la lumière et qui se manifeste par des clignements de paupières répétés.
Conséquences :
- difficultés à percevoir dans une salle trop éclairée, ou sur un tableau blanc s'il présente trop de reflets ;
- doit porter continuellement des lunettes teintées ou une casquette à visière.

Anomalies de la vision des couleurs
Elles peuvent être :
- partielles : l'enfant ne voit pas une couleur ou en distingue mal les nuances ;
- ou totales : l'enfant ne perçoit aucune couleur, mais seulement des différences d'intensité.
Conséquences :
- impossibilité à percevoir des repères colorés ;
- peut être quelquefois dans le gris absolu ;
- ne peut envisager certaines professions.

Blindisme
C'est un phénomène pouvant apparaître chez les enfants déficients visuels profonds et les aveugles.
Il s'agit d'un certain type de comportement psychomoteur, caractérisé par des balancements et tournoiements itératifs, parfois rythmiques, une démarche particulière, des mouvements faciaux ou du cou ressemblant à certains tics.
Conséquences :
Son apparition chez le déficient visuel est souvent le signe d'un désinvestissement par rapport à l'activité en cours.

 

 

Aménagements possibles et pratiques de classe

 

Ces gênes fonctionnelles peuvent entraîner, à des degrés divers, des difficultés d'apprentissage.
La plupart des problèmes que rencontrent les élèves malvoyants et aveugles sont liés aux difficultés de prise d'information visuelle et de transcription écrite de ses connaissances dans la plupart des disciplines.
Pour compenser :
- l'élève doit apprendre à développer des capacités et des moyens de compensation qui lui permettront d'obtenir une efficience comparable à celle de ses camarades ;
- l'enseignant va mettre en place des adaptations pédagogiques et proposer des aides techniques indispensables.

➢ Préparer l'arrivée de l'élève
● Lui permettre, avant son arrivée, de prendre connaissance de l'établissement scolaire et de ses lieux importants (couloirs, préau, toilettes, restauration, cour de récréation, vie scolaire, CDI…), de la classe ou des classes afin qu'il puisse prendre ses repères dans le calme.
● Parler de son arrivée à ses camarades en termes modérés pour éviter surprotection ou rejet (se faire aider éventuellement par l'enseignant spécialisé du Service d'Aide à l'Acquisition de l'Autonomie et la Scolarisation).
● Lui aménager un coin personnel où il pourra plus facilement s'organiser et où son matériel sera toujours disposé de la même manière.

➢ Organiser le cadre de la classe
● Etre placé au 1er rang, devant le tableau, même s’il ne peut pas voir ce qui est écrit, il compensera par une écoute attentive, en fonction de son champ de vision, de l’emplacement des fenêtres (besoin de lumière ou au contraire photophobie) et du phénomène de brillance possible sur le tableau.
● Disposer, si possible, d’un double bureau et éventuellement d’un endroit où il pourra ranger ses agrandissements

➢ Préparer les séances
● Tenir compte des caractères conseillés pour la vue de l’enfant (utiliser ARIAL ou Verdana pour les textes et Times New Roman pour les données chiffrées)
● Veiller à la qualité des contrastes (nets) et des agrandissements (netteté)
● Dactylographier les documents (l’écriture manuscrite est d’une lecture difficile pour l’enfant malvoyant)
● Veiller à une grande lisibilité : le repérage peut être facilité par des lignes espacées, des marques significatives renforcées… conserver les mêmes repérages au fil du temps (s’ils s’avèrent efficaces !)
● Ne pas surcharger les documents, veiller à la sobriété des illustrations (les petits détails d’un dessin, d’un plan, d’une carte sont difficiles à percevoir ; ils multiplient les informations, le temps qu’il faut pour les lire, la concentration et l’énergie déployée)

Important : tenir compte des délais pour l’adaptation des documents que vous demandez à l’enseignant spécialisé ou au service de transcription du SAAAS.

➢ Durant la classe, permettre à l’élève :
● D’avoir des documents agrandis en même temps que les autres élèves, ceci afin d’éviter d’accentuer une certaine lenteur et de créer une certaine dépendance vis-à-vis de ses camarades ou adultes encadrants
● D’être considéré à égalité avec les autres en ayant les mêmes exigences en termes de présentation des cahiers, d’apprentissage des leçons, de comportement… tout en gardant cependant à l’esprit que la concentration supplémentaire dont doit faire preuve l’enfant ou le jeune peut occasionner un surcroît de fatigue (maux de tête, irritabilité…)
● De participer activement au travail de groupe proposé en le sollicitant comme les autres
● De se déplacer afin d’exploiter certaines sources d’informations dans la classe (tableaux, graphiques, …) après lui avoir fait repérer où elles se situent

➢ De plus il est très important de :
● Lire tout ce que vous écrivez au tableau (même si vous écrivez gros) et d’épeler les mots nouveaux ou difficiles. Oraliser le plus possible et utiliser toujours les mêmes emplacements sur le tableau, pour écrire la date, le titre, la consigne…
● Si possible, fournir à l’élève, sur une feuille individuelle, le texte écrit au tableau, projeté au rétroprojecteur… (l’AVS peut récrire sur une grande ardoise ou feuille ou encore sur l’ordinateur personnel de l’élève s’il en dispose).
● S’assurer de la compréhension des consignes en les lui faisant reformuler le plus souvent possible
● Sur un tableau vert ou noir, privilégier la craie de couleur jaune ou blanche (éviter l’emploi des craies rouge, bleue et verte). Sur un tableau blanc, utiliser, de préférence, un feutre noir.
● Favoriser l’usage d’un stylo de couleur noire (notamment sur la papeterie à lignes renforcées). Le crayon à papier est à utiliser avec prudence, car il est parfois peu lisible.
● Dans le cas où la vision des couleurs est altérée ou absente : cela représente une gêne dans certaines disciplines dont l’histoire, la géographie et la grammaire. Une étiquette portant le nom de la couleur (ou simplement la 1ère lettre) peut être collée sur chaque crayon de couleur afin que l’élève puisse utiliser ceux-ci sans aide et sans erreur. Un code peut également être mis en place pour la réalisation des schémas où la couleur intervient.

 

EPS :

• En cas de fragilité oculaire, il est indispensable de tenir compte des restrictions médicales précisées.
• Pour limiter la gêne dûe à la luminosité ou au soleil, autoriser le port d’une casquette ou d’une visière et/ou de lunettes teintées et placer l'élève de façon à ce que la source lumineuse soit dans son dos (ex : positionnement des ateliers sportifs, temps de transmission des consignes, relation duelle...)
• Privilégier la démonstration tactile et les descriptions et consignes orales pour faciliter la construction de repères pour l'élève.
• Prendre en compte le fait que la déficience visuelle pénalise dans la pratique des sports collectifs, notamment des jeux de ballon, de raquettes (possibilité de recourir à des balles, des volants, des ballons et des objets de couleur, taille, forme et nature différentes).
• Penser à transmettre les informations nécessaires à l’enseignant remplaçant concernant la déficience visuelle si besoin, les adaptations liées à la pratique des activités sportives et aux différents rôles sociaux.

 

 

Pour en savoir plus

 

Fiche réalisée en partenariat avec l’INSHEA.

Novembre 2013

 

précédent | suivant