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Références institutionnelles

Elèves à besoins éducatifs particuliers

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Troubles Spécifiques du Langage

 

De quoi parle-t-on?

 

L'apprentissage des langages oral et écrit à l'école constitue une condition indispensable de la réussite scolaire. Pourtant, des enfants n'accèdent que très difficilement à cette maîtrise et peinent à suivre le rythme de la classe qu'ils fréquentent. C'est pourquoi la prise en compte des troubles du langage oral et/ou écrit doit s’effectuer le plus tôt possible dans la scolarité afin de permettre la mise en place d'attitudes pédagogiques adaptées qu'il convient de construire sous forme personnalisée.

 

Comment cela se manifeste?

 

Les TSA se manifestent au niveau du langage oral et écrit.
Langage oral
Troubles fonctionnels

➢ Trouble d'articulation
Incapacité à prononcer un ou plusieurs sons de la langue française de façon isolée ou dans une syllabe. (exemples : chuintement, zozotement, absence du [R])

➢ Retard de parole
Incapacité à prononcer les sons de la langue à l'intérieur de mot ou de phrase, tout en sachant les prononcer de manière isolée (Exemples : capé pour canapé, pestacle pour spectacle, grapeau pour drapeau, gand pour grand...)

➢ Retard de langage
Il peut toucher tant en expression qu'en compréhension :
• le lexique (pauvreté du vocabulaire)
• la syntaxe : mauvaise construction des phrases, omission des « petits mots », confusion des genres, non-utilisation du « je »
• la cohérence du récit (respect de la chronologie...)

Troubles structurels et spécifiques

➢ Dysphasie : environ 1 % des enfants scolarisés
Une dysphasie se définit comme un trouble sévère et durable de l'acquisition du langage oral chez un enfant indemne de trouble neurologique, sensoriel ou psychiatrique. Il y a atteinte du versant expressif du langage (ce que l'on produit) et / ou du versant réceptif (ce que l'on comprend). A l'origine, il ne semble pas exister de causes apparentes (absence de surdité, de déficience intellectuelle, de troubles neurologiques...).
Attention : La plupart du temps on ne parlera de dysphasie que si le trouble du langage perdure au-delà de six ans, ce qui n'empêche pas une prise en charge dès que possible. Ces définitions sont toujours à considérer au regard de l'âge de l'enfant. On ne peut parler de trouble qu'à partir d'un certain écart avec la moyenne des enfants du même âge.

Troubles non spécifiques

➢Troubles du langage associés à une déficience intellectuelle, une surdité, une paralysie des organes phonatoires, une atteinte cérébrale, des troubles de la communication (dont autisme), des carences psychoaffectives, des troubles du comportement et un trouble d’hyper activité avec déficit de l’attention (TDAH).

Langage écrit

Troubles spécifiques du langage écrit

➢ Dyslexie et dysorthographie : de 5 à 8 % des enfants scolarisés
La dyslexie est un trouble spécifique et durable de l'apprentissage de la lecture chez un enfant normalement scolarisé qui ne peut s’expliquer ni par un retard mental, ni par un déficit sensoriel, ni par un environnement social ou familial défavorisé.

Une dyslexie est très souvent associée à une dysorthographie qui est une difficulté spécifique d'apprentissage de l'orthographe. Le plus souvent, après une rééducation appropriée, la lecture s'améliore nettement et la dysorthographie, plus difficile à rééduquer, passe alors au premier plan.
Il existe différents types de dyslexie (phonologique, lexicale, et mixte) que les orthophonistes sont à même de diagnostiquer. N'hésitez pas à les contacter afin d'aider au mieux ces élèves. Attention, on ne parlera de dyslexie qu'après dix-huit mois à deux ans de retard dans l'apprentissage du langage écrit, ce qui n'empêche pas une prise en charge préventive dès le repérage des troubles.

Les signes d'alerte : comment repérer un trouble du langage ?

langage oral (italique) – langage écrit (droit)
**Le classement par cycle n'a qu'une valeur indicative, il reste un repère arbitraire.

 

CYCLE 1

CYCLE 2

CYCLE 3 - COLLEGE

De 2 à 3 ans
- enfant qui paraît ne pas comprendre
- utilise des "mots phrases"
- est inintelligible
- enfant qui ne parle pas
- enfant ayant tendance à l'écholalie
- enfant qui ne se souvient pas des comptines
- enfant comprenant très bien mais mutique ou presque
( parlant par geste par exemple)


De 3 à 4 ans
- ne comprend pas les consignes simples
- n'est pas intelligible
- réduit les phrases à 1 ou 2 mots
- n'utilise pas le " je", ni les autres pronoms
- comprend bien mais ne s'exprime pas (peu), très maladroitement et sans syntaxe fiable


De 4 à 5 ans
- comprend moins bien qu'il ne parle ou comprend, s'adapte bien mais a du mal à verbaliser
- n'est pas ou peu intelligible
- phrases sans verbe ou mal construites
- cherche fréquemment ses mots même si on lui demande juste de dénommer ce qu'il voit

Grande section de maternelle
- manifeste des troubles de la compréhension
- est peu intelligible ou déforme des mots de manière importante
- évolue pas ou peu sur l'année
- ne conjugue pas les verbes
- produit des énoncés réduits (inférieurs à 4 mots)
- n'utilise pas le pronom "qui"
- n'exprime pas (ou peu) de notions de temps et d'espace
- est en décalage évident par rapport aux autres
- n'arrive pas à intégrer les jeux de phonologie en grande section

CP-CE1
- aucun ou un seul connecteur maîtrisé
- mauvaise construction de la phrase (ex : mots dans le désordre, verbes presque tous à l'infinitif)
- utilisation inadéquate des pronoms personnels, l'élève parle indistinctement des différents personnages d'un récit, chaîne anaphorique non maîtrisée
- difficultés à manipuler les termes génériques
- confond des mots proches phonétiquement mais sans lien sémantique ou inversement
- grosses difficultés persistantes de parole (accroche toujours les mots longs)
- difficultés à isoler, identifier, supprimer, permuter,des syllabes, puis des phonèmes (conscience phonémique défaillante)
- troubles temporels ou spatiaux
- inversions persistantes de lettres, de chiffres ou encore de groupes de lettres, omission, ajout ou confusion de lettres ou de syllabes dans le mot
- grande lenteur : la vitesse de lecture n'augmente presque pas au cours de l'année
- copie problématique ; outre sa lenteur, l'élève multiplie les retours au modèle
- difficulté dans la transcription des lettres, dans l’anticipation du tracé
- n’entre pas ou difficilement dans la combinatoire
- sauts de lignes en lecture
- difficultés à mémoriser l'orthographe des mots nouveaux
- erreurs phonologiques en lecture et orthographe

- persistance d'un trouble de la parole ou du langage (déformations de mots, constructions grammaticales incorrectes)
- mauvaise utilisation du langage oral
- difficultés à manier certains concepts (humour, jeux de mots…)

- persistance d'erreurs phonologiques et/ou visuelles en lecture et orthographe :
• confusions entre phonèmes sourds et sonores (p/b, t/d, k/g, f/v, s/z, ch/j)
• confusions entre lettres visuellement proches (b/d, m/n, u/n, a/o, E/F, C/G)
• inversions (or/ro, cri/cir)
• omissions (ba pour bar, arbe pour arbre, vigule pour virgule
• additions : ordeur pour odeur)
• substitutions (coukeau pour couteau, chauffeur pour faucheur)
• paraphonémies, confusions de sons complexes (oin/ion, ur/ère, ien/ein),
• lexicalisation, lecture d'un mot pour un non-mot (aivron lu aviron)
• régularisation, lecture phonologique d'un mot irrégulier (chorale lu / soral)
• paralexie, lecture d'un mot pour un autre (soin lu soie)
- sauts de lignes en lecture
- écrit phonétique
- difficultés à consolider un stock orthographique stable (mots invariables)
- fréquentes erreurs d'application des règles grammaticales, catégories grammaticales confuses
- difficultés dans la copie et la prise de notes, nombreuses ratures
- "vilaine écriture", douleurs vives du poignet et du bras, mauvaise tenue du crayon
- mauvaise compréhension de la lecture des leçons
- difficultés pour transcrire ses idées en expression écrite
- mathématiques : troubles dans l'acquisition du nombre, difficultés dans la manipulation des grands nombres (lecture, écriture), difficultés dans la mémorisation de la table de multiplication, difficulté en géométrie, difficultés dans la résolution de problèmes.

 


Aménagements possibles et pratiques de la classe

 

1. Pour un enfant dysphasique
à adapter selon les capacités de l'élève

Au niveau du langage réceptif
• Attirer l’attention de l’enfant :
- Mimer le message si possible
- Utiliser des pictogrammes
- Exagérer l’intonation
• Ajuster les messages :
- Fractionner les consignes : une à la fois
- Utiliser le concret
- Ralentir le débit verbal
• Reformuler le message
• Vérifier la compréhension :
- L’aider à dire ce qu’il a compris et ajouter les éléments qui manquent (le faire dessiner…)

Au niveau du langage expressif
• Mettre à disposition des images visuelles (photo, images, calendrier, pictogrammes)
• Amener l’enfant à illustrer son message

Organisation dans la classe
• Lui donner une place stratégique (à côté du maître, ou non…)
• Emploi du temps illustré par des pictogrammes
• Le prévenir de tout changement
• Etablir des rituels qui le rassurent
• Contrôler le bruit ambiant, parler à voix basse, utiliser des outils
• Alterner les activités verbales et la manipulation
• Utiliser les pairs volontaires pour le tutorat
• Favoriser la modélisation, l’imitation, pour la mise en page et l’utilisation du matériel
• N’afficher que ce qui est significatif
• Proposer uniquement le matériel nécessaire à l’activité
• Favoriser la structuration du temps (rituels, respect de l’emploi du temps, rappel de la séance précédente, ordre du jour)
• Respecter le rythme de l’enfant (temps moyen de concentration et d’attention)
• Indiquer à l’élève ce qu’on attend de lui
• Pictogrammes par discipline sur le cahier de texte
• Utiliser un code couleur par matière (cahier, classeur, livre de même couleur pour la même matière)
• Fournir un résumé des leçons à apprendre
• Adapter les évaluations
• Vérifier la lisibilité des informations sur le cahier de texte, éventuellement, fournir des photocopies, ou utiliser le tutorat par un pair

Estime de soi
• Valoriser les réussites
Remarque : En général, un élève dysphasique est également dyslexique (voir aménagements pour élève dyslexique)


2. Pour un enfant dyslexique

(à surligner selon les capacités de l'élève)

Aider l’enfant à se sentir bien en classe
• Oraliser les consignes écrites, lire à haute voix les énoncés des évaluations.
• Eviter de faire lire l’élève à haute voix devant la classe, sauf s’il le souhaite.
• S’assurer que les consignes soient bien comprises (demander à l’enfant de redire la consigne).
• Ne pas lui donner de textes trop longs à lire.
• Eviter les documents trop chargés, l’aider à mettre en relief les mots clef de la leçon, souligner, surligner, utiliser la couleur.
• Lui laisser le temps dont il a besoin : diminution de la tâche, ou temps supplémentaire si l’enfant est encore attentif et organisé dans son travail.
• Eviter au maximum de le faire copier : si un texte long est à copier par la classe, n’en demander qu’une ou deux lignes parfaitement écrites, le reste sera photocopié à partir du travail d’un camarade.
• Ne pas le pénaliser à cause d’une orthographe défectueuse (en dehors de la dictée) : pas de point enlevé, pas de copie supplémentaire qui est de toute façon inutile… aux dyslexiques.
• Autoriser l’élève à utiliser des fiches mémoire.
• S’assurer qu’il dispose un support écrit correct pour travailler (document aéré).
• Lui demander une présentation soignée (pour la relecture et une bonne image de soi) et lui en donner les moyens (temps, réduction de la quantité…). Dans un premier temps, accepter la présentation peu soignée et en faire un objectif par la suite.
• Donner une correction écrite des exercices principaux faits en classe (photocopie d’un exercice corrigé d’un camarade bon scripteur).
• Prendre en compte les difficultés de l’élève en orthographe pour l’aider à les comprendre.
• Favoriser l’accès à l’informatique et notamment au correcteur orthographique des traitements de textes (si un ordinateur est installé au fond de la classe en accès plus ou moins libre).

Adapter l’évaluation
• Favoriser l’expression orale dans l’évaluation de ses connaissances.
• Oraliser les consignes écrites, lire à hautes voix les énoncés.
• Respecter le rythme d’acquisition, ne pas évaluer trop tôt.
• Faire beaucoup d’exercices systématiques pour maîtriser et pouvoir utiliser la notion avant d’évaluer.
• Revenir fréquemment sur les notions antérieures.
• Privilégier le contrôle continu à l’évaluation périodique.

Apprendre les leçons
• Vérifier le cahier de texte et aider l’enfant à s’organiser pour qu’il emporte tout ce qu’il lui faut, mais avec des objectifs d’autonomie et d’organisation à long terme.
• Donner un support adapté pour apprendre les leçons : résumé dactylographié ou photocopie du résumé d’un camarade, cartes et schémas complétés en fonction du support réalisé par l’enfant.
• Vérifier la bonne compréhension du résumé, souligner les mots à retenir en priorité et à savoir écrire. Présenter ces mots en colonne et dans l’ordre du texte.
• Si l’apprentissage des leçons à la maison n’est pas satisfaisant, ne pas hésiter à se concerter avec les parents pour trouver en commun une stratégie d’apprentissage.

Estime de soi
• Valoriser les réussites.

 

 

Pour en savoir plus

 

Fiche réalisée en partenariat avec l’INSHEA.

Novembre 2013

 

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